À l’heure où s’écrivent ces lignes, la probabilité que la France n’ait de nouveau plus de gouvernement le 9 septembre est considérable. Le Premier ministre, dans la perspective de l’examen du projet de loi de finances pour 2026, appelé à intégrer le plan d’économies budgétaires qu’il a présenté le 15 juillet, a voulu demander la confiance de l’Assemblée nationale et poser une question: les députés de la nation, en son nom, partagent-ils avec le gouvernement la conscience de la gravité du déficit du pays et mesurent-ils l’urgence de traiter le mal ?
D’évidence, le constat lui-même dressé par François Bayrou ne rallie pas les suffrages : tel grand parti propose de son côté la moitié de l’effort de 44 milliards voulu par le Premier ministre, avec une rallonge de trois années pour parvenir à l’objectif maîtrisé de 3 % d’endettement par rapport au PIB…
À supposer même que le gouvernement ne soit pas renversé, le budget sera âprement débattu et c’est légitimement que les Français s’interrogent sur l’impact de notre situation tendue sur le plan politique sur leur patrimoine et plus largement sur l’immobilier.
Trois observations, de nature à rassurer à cet égard, et une réserve.
La première observation tient au statut de la question du logement : dans la société et dans l’univers de la décision publique, par différence avec d’autres sujets, elle est relativement consensuelle. Le diagnostic sur le cruel manque d’offre, conduisant à vouloir construire davantage et rénover à marches forcées, est très large. L’estimation des besoins fait également consensus, comme la nécessité de tempérer les prix.
Les solutions rassemblent aussi : faire revenir en masse les ménages vers l’investissement immobilier résidentiel dans le neuf et dans l’existant, en particulier pour le logement à loyer abordable, faciliter la primo-accession, abonder le parc locatif social, accompagner la mutation écologique pour les plus fragiles, et assouplir les exigences de cette transition pour tous, de sorte de la rendre applicable, financièrement et techniquement.
En clair, un accord transpartisan est possible pour le logement et le budget du logement tel que l’avait bâti la ministre Valérie Létard pour 2026 a bien des chances de ne pas être détricoté. Cela signifie aussi qu’on ne reviendra pas sur les mesures en vigueur contenues dans le budget 2025, prêt à taux zéro élargi, enveloppe de MaPrimeRénov à bonne hauteur, donation défiscalisée au bénéfice des achats de logements neufs ou de la rénovation énergétique des logements existants.
La deuxième raison tient à l’impérieuse nécessité de relancer l’activité et la croissance du pays. Or, le logement constitue un espoir collectif à cet égard. Les rentrées de TVA attachées à la construction et aux travaux, les droits de mutation à titre onéreux liés aux achats de biens existants. Pour le coup, les partis éloignés du Premier ministre veulent réduire les économies sur les dépenses budgétaires actuelles et leur préfèrent l’augmentation des recettes fiscales : le logement est porteur de cet espoir plus que tous les autres secteurs.
La troisième raison est relative à la méthode choisie pour réduire le déficit de la France. L’effort demandé pourrait-il concerner le patrimoine immobilier des classes moyennes? Là encore, un consensus se dégage sur la nécessité de ne pas casser l’envie des ménages de se constituer un patrimoine qui les sécurise et prépare leur retraite. Seuls les plus gros patrimoines, au-delà de 100 millions d’euros, sont dans l’œil du cyclone. Les classes moyennes peuvent dormir tranquilles. Pas d’évocation non plus d’une taxation de la plus-value sur les cessions de résidences principales.
Face à ces trois arguments rassurants, une réserve : la période qui s’ouvre remet l’idéologie au cœur de la politique, assortie du risque que des partis politiques, par besoin de poser des marqueurs, ne choisissent le patrimoine pour cible et ceux qui en ont un peu pour victimes expiatoires. On ne sait dans ce cas où serait placée la barre, et la propriété populaire, par définition la plus large assiette, est tentante comme base fiscale.
Néanmoins, l’observation des discours publics de tous bords rassérène : jamais le logement, l’accession à la propriété comme l’investissement, n’ont fait l’objet d’autant d’attention de la part des décideurs publics. Jamais par exemple on n’avait noté autant de prises de parole lors de la Rencontre des entreprises de France, le grand événement de pré-rentrée du MEDEF, que lors de cette édition, notamment autour du lien entre emploi et logement dans les territoires. Quant au risque d’alourdissement des taxes locales, la taxe foncière entre toutes, il est derrière nous pour quelque temps : la proximité des élections municipales a calmé les ardeurs des édiles locaux.
En somme, et parce que le logement porte bien des vertus pour les ménages français, l’économie du pays et son équilibre social, il devrait échapper aux mauvais réflexes politiques et bénéficier même d’un regard bienveillant de ceux qui nous gouverneront dans les temps qui viennent.
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